Marcelle HOLOZET,
78 ans, ancienne maire déléguée de Teahupo’o :
« Accueillir convenablement les compétiteurs »
Née à Afaahiti en février 1944, Marcelle HOLOZET réside à Teahupo’o depuis 1970. Elle nourrit une vocation pour l’enseignement dès l’âge de 4 ans. Une passion qui ne l’a jamais quittée : à 19 ans, elle obtient le statut d’institutrice titulaire. Elle exerce à Papara, puis à Paea, avant de rejoindre l’école de Teahupo’o, où elle enseigne pendant huit ans. Diplômée directrice, elle prend la suite de Joseph LUCAS à la tête de l’école de Toahotu vers 1980, puis de Roger DOOM à l’école Potii de Vairao, en 1990, jusqu’à sa retraite en 1999.
Marcelle HOLOZET a siégé pendant vingt-cinq années consécutives au conseil municipal de Taiarapu-Ouest, de 1989 à 2014, durant les mandatures de Roger DOOM, Joseph LUCAS et Clarenntz VERNAUDON. Adjointe au maire, elle est surtout connue pour avoir exercé la fonction de maire déléguée de Teahupo’o, contribuant notamment à la construction de la mairie et de la marina. Elle a également été représentante du Taho’era’a Huira’atira à l’Assemblée de la Polynésie française, de 1999 à 2004.
Marcelle HOLOZET livre quelques souvenirs, en commençant par la vague de Hava’e :
« Il faut officialiser la vague de Teahupo’o en faisant venir des étrangers ! », m’avait lancé mon neveu, Christophe Kito HOLOZET. J’ai réuni la population de Teahupo’o pour organiser l’hébergement. Il y avait du monde, mais je tenais à ce que les compétiteurs soient accueillis convenablement. On m’avait faxé la liste des surfeurs, qu’on était allé chercher en truck à l’aéroport. On a commencé par la Black Pearl Horue en avril 1997, avec une remise des prix à l’Auberge du Pari, qui se situait un peu avant le PK 0, puis on a continué avec la Gotcha Tahiti Pro. Alors qu’on préparait la deuxième édition, la passerelle de la rivière Fau’oro a été emportée par une crue. On a demandé de l’aide au président Gaston FLOSSE, qui a fait construire un pont Bailey en urgence. Aujourd’hui, les Jeux Olympiques se profilent et c’est un grand honneur pour nous. Ce que je souhaite, c’est que tout se passe bien… avec des vagues !
Ma motivation en tant qu’élue à Taiarapu-Ouest, c’était de défendre les pauvres gens, pas d’accéder à une fonction en particulier. J’ai été élue sans étiquette politique. Mon mari, Willy LAGARDE, directeur de cabinet civil du Haut-Commissaire, m’a poussée à me lancer. C’était une fonction très prenante.
Je me souviens d’expéditions mémorables pour l’adduction en eau. Après le cyclone Veena, les canalisations de la cascade Taiariari étaient détériorées. Avec mon mari et des riverains, on a escaladé pour rétablir la distribution au village. Je me suis aussi rendue au Fenua ‘Aihere en poti marara pour rechercher des sources afin d’alimenter les foyers de la zone. J’étais accompagnée de techniciens du Pays et de Henri MAGAUT (actuel conseiller municipal, NDLR). J’ai dû gravir une paroi verticale. Ils étaient tous impressionnés !
Quand j’étais directrice à Teahupo’o, les enfants du Fenua ‘Aihere allaient à l’école en pirogue. Si le temps était trop mauvais, ils ne pouvaient pas venir. Depuis, la navette communale a été mise en place et ça se passe très bien. Quand je suis partie, c’était le début du rahūi. C’est une bonne chose de veiller à préserver le Fenua ‘Aihere.
Georges REID,
76 ans, membre du premier conseil municipal de Taiarapu-Ouest :
« Je me souviens d’une bonne ambiance ! »
Né à Vairao en 1946, Georges REID, que tous surnomment TOTI, a pris sa retraite en 2006 après une carrière de navigateur (Compagnie des Messageries Maritimes) et d’électricien (Port Autonome, chantiers de l’hôpital de Mamao et du Maeva Beach, lycée Paul Gauguin et collège de Papara). Il est également connu pour ses talents de musicien, son orchestre entre frères l’ayant mené jusque dans les foyers militaires de Moruroa et Hao dans le cadre du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP), lors du Nouvel An.
Père de trois enfants, dont Françoise REID-CHANG SI MEN, agent municipale, Georges REID s’est investi dès 1972 pour Taiarapu-Ouest en tant qu’élu. Il avait alors 26 ans. Conseiller, puis adjoint durant quatre mandats auprès de Roger DOOM, il a également été le premier adjoint de Clarenntz VERNAUDON, puis candidat sur la liste de Jonathan TARIHAA, actuel maire délégué de Vairao.
TOTI partage quelques souvenirs de ces trente années de mandature, de 1972 aux années 2000 :
Mon grand-père, Charles HAMBLIN, était le chef de district. Roger DOOM étant resté avec une de mes cousines, c’est un peu comme ça que tout a commencé… Pourquoi pas ? J’étais jeune ! En ce temps-là, quand on faisait campagne, il y avait du monde qui venait aux réunions. Chacun donnait son opinion, toujours dans le respect, en présence des anciens. Je me souviens d’une bonne ambiance !
Le conseil municipal se tenait à l’actuelle école Potii de Vairao. Il y avait écrit « chefferie » sur le bâtiment et il n’y avait pas encore l’électricité comme on la connait aujourd’hui. On était moins nombreux puisque la commune était moins peuplée. Généralement, tout le monde suivait l’avis du maire. Je me souviens quand même de quelques débats, comme au moment de l’implantation du centre de recherches de l’IFREMER (ex-Centre Océanologique du Pacifique, NDLR). Certains élus étaient pour, d’autres non, car, dans ce temps-là, le site côté mer était une tarodière et le site côté montagne était un terrain de football. Moi-même, j’ai joué là-bas. Mais le projet a fini par se faire et, aujourd’hui, je peux dire c’est une bonne chose.
J’ai vu la mairie de Vairao se construire. Ce n’était pas une époque facile, parce qu’on avait très peu de recettes. Les taxes sont arrivées progressivement… D’ailleurs, certaines de nos délibérations sont toujours d’actualité ! Avec Augustin AFO, on avait organisé le premier tiurai de la commune, une tradition qui perdure aujourd’hui. J’ai aussi eu la chance de marier ma petite fille durant mon dernier mandat.
Léontine AUCH-TEKURIO,
75 ans, doyenne du conseil municipal de Taiarapu-Ouest :
« Œuvrer pour le bien-être de notre population »
Née à Vairao en décembre 1946, Léontine TEKURIO est issue d’une fratrie de sept enfants. Elle a donné naissance à sept enfants, qui lui ont offert quatre petits-enfants et deux arrière-petits-enfants. Elle a toujours rêvé de « faire la classe ». Après des remplacements, elle est titularisée en novembre 1966. Elle enseigne dans les écoles de Vairao, Toahotu et Teahupo’o. En 1980, elle est la première directrice de l’école maternelle Tefaao de Vairao. Elle a ensuite exercé ses talents comme monitrice au CJA de Vairao « Te pū fa’a’ui no Teorome’a », ou « L’école des adolescents de la terre Teorome’a », jusqu’à sa retraite, en janvier 1997. Agent communal polyvalent, son mari a notamment participé à la reconstruction d’une partie de l’école Potii.
Conseillère municipale, Léontine TEKURIO effectue actuellement son cinquième mandat, s’impliquant dans des domaines aussi variés que le budget, l’éducation et le social. Entrée au conseil municipal de Taiarapu-Ouest en 1986, elle a notamment été ajointe en charge de l’artisanat et de la culture sous la mandature de Roger DOOM. Elle préside l’association artisanale Teva i Tai depuis 1985. Créée en 1981 sous l’impulsion du conseil municipal, cette association regroupait à l’origine des artisans des trois sections de Taiarapu-Ouest. Elle supervise la gestion du centre artisanal de la mairie de Vairao, inauguré en 2011, après des années d’expositions itinérantes. Elle s’investit également au sein de la paroisse protestante de Vairao.
Léontine TEKURIO partage quelques souvenirs de ses mandatures passées et de Vairao d’antan :
J’avais 40 ans quand je suis entrée au conseil municipal. On est venu me chercher pour mes compétences et j’étais prête à aider la population. J’ai toujours essayé de faire de mon mieux. Je ne devais pas participer à la campagne en 2020, mais j’ai finalement accepté de rejoindre la liste de Jonathan TARIHAA. Ma motivation, c’est d’œuvrer pour le bien-être de notre population. Pour moi, la priorité, c’est d’avancer sur le projet l’adduction en eau potable.
J’ai assisté à la venue du Foch et du Clémenceau, en 1966-68, et du France, en 1972. J’avais 20 ans et, pour moi, comme pour la population, c’était un événement ! C’était une fierté de voir ces immenses navires dans la passe de Vairao, la plus grande de Tahiti. Je suis montée sur le France, pour accompagner mon mari, qui était aussi musicien. J’ai profité du spectacle ! C’était vraiment très beau à l’intérieur.
En 1983, il y a eu le passage du cyclone Veena, qui a fait beaucoup de dégâts. Ma maison a été détruite. Tout le quartier s’était réfugié dans le fare ‘amuira’a qui était en cours de construction, avec une toiture bien solide, heureusement ! La mer était déchainée. L’eau remontait dans les terres, jusqu’à retrouver des poissons dans le pâturage des bœufs.
Ma mère m’a transmis son savoir culturel. C’était un trésor, cette maman-là ! Tous les soirs, avant d’aller dormir, une fois les devoirs faits, elle nous racontait des histoires de Vairao en tahitien. Et elle nous testait au petit-déjeuner pour voir ce qu’on avait retenu ! J’ai transmis la légende de Maui à ma fille, Maruia (POHEMAI, directrice des services techniques communaux et référente du groupe de chant Tamari’i Vairao, NDLR).
Eddie TETUANUI,
60 ans, ancien maire délégué de Toahotu :
« J’étais jeune et motivé ! »
Né en 1962 à Makatea, aux Tuamotu, Eddie TETUANUI réside depuis 1980 à Toahotu, section de commune d’origine de sa première compagne. Après le quartier de l’école Haitama, c’est dans le quartier Reid qu’il a élu domicile, partageant sa vie entre Taiarapu-Ouest et Arue. Père de cinq enfants, il a actuellement six petits-enfants. Depuis 2019, il est retraité du Service de l’Éducation (actuelle DGEE), pour lequel il a œuvré durant trente-huit ans en tant qu’adjoint administratif, à Tipaerui, puis à Pirae.
Eddie TETUANUI a siégé au conseil municipal de Taiarapu-Ouest durant une mandature en tant que maire délégué de Toahotu, de 2002 à 2008, avec Roger DOOM, puis Clarenntz VERNAUDON comme premier magistrat, suite à une contestation des élections à Vairao. Il était impliqué dans le club de volley-ball de Toahotu présidé par Manea LOVINE. Depuis 2015, il est un membre actif de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours de Toahotu, participant aux projets de service de la communauté pour venir en aide à la population.
Eddie TETUANUI revient sur quelques souvenirs de sa mandature, de 2002 à 2008 :
J’ai commencé à m’impliquer en politique en intégrant les Jeunes Orange du Taho’era’a Huira’atira. Toahotu étant une petite commune où il y avait beaucoup de choses à développer, je me suis lancé lors des élections municipales. J’étais jeune et je n’y connaissais rien, mais j’étais motivé ! Avec Teiva TEVAEARAI, on a monté une équipe : Ia Ora Toahotu. Je suis devenu maire délégué et Papa Teiva est devenu huitième adjoint. Ce n’était pas évident, parce qu’on a perdu une année avec le changement de maire. Ce n’était pas le même mode de scrutin qu’aujourd’hui : il y avait des listes par commune associée (avant la proposition de loi de Lana TETUANUI de 2016, NDLR). Le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) n’était pas encore appliqué en Polynésie (entré en vigueur le 1er mars 2008, NDLR).
En conseil municipal, on faisait ce qu’on pouvait pour améliorer le quotidien des gens avec les moyens qu’on avait. Ma priorité, c’était que les familles puissent vivre convenablement. J’ai toujours beaucoup admiré le courage de nos agriculteurs. Certaines familles ne vivent que de la terre et ce n’est pas toujours facile, même s’il y a des aides. On a mis en place des abris de bus pour les scolaires et des lampadaires dans les quartiers. On a clôturé la mairie de Toahotu et la salle omnisports. Je guette avec impatience sa réouverture : ce sera un grand plaisir de revoir des jeunes dans cette salle ! On a vécu de beaux matches là-bas. Chez nous, le sport fonctionnait bien : on avait deux équipes de volley, de foot et de pirogue. Il faut continuer à miser sur le sport : c’est une bonne façon de canaliser l’énergie des jeunes et de lutter contre la consommation de drogues et d’alcool. On célébrait aussi le Heiva à Riri ou à la salle : ça rassemblait du monde et c’était toujours formidable !
J’ai eu l’opportunité de participer au Congrès des Maires de France. Ça donnait des idées sur des solutions à adapter ici. Ce qui m’a aussi beaucoup plu, c’était la formation des élus avec la FOGEP et le SPCF.